Dans quel esprit


Avant de parler d’aspects plus pratiques, voici quelques conseils généraux sur l’esprit dans lequel aller vers les gens si vous souhaitez évangéliser dans la rue par exemple.

  • Prier. La prière n’est pas toujours facile mais elle est essentielle. Que ce soit avant, pendant ou après l’évangélisation. Comment appeler notre prochain à une relation personnelle avec son Créateur et son Sauveur, si nous-mêmes négligeons cette relation ? Dieu peut nous éclairer dans la prière. Il nous aide à nous rapprocher de Sa volonté. Il nous donne aussi la force dont nous avons besoin. Il est toujours présent et à notre écoute alors n’hésitons pas à nous confier en Lui. Et si la prière nous semble difficile, c’est parce qu’il s’agit en effet d’un combat. Combat dont nous avons plus facilement conscience quand nous essayons d’affronter nos réticences à prier que lorsque nous y cédons. « Prier comme si tout dépendait de Dieu, mais aussi agir comme si tout dépendait de nous. » (attribué à saint Ignace de Loyola).
  • Espérer. Espérez notamment face aux risques de découragement. Le diable a clairement intérêt à nous décourager. Mais il faut se rappeler que certains sèment et d’autres récoltent. Par ailleurs, tout ce qui est semé ne donne pas du fruit, comme Jésus nous l’indique par exemple dans la parabole du semeur (Matthieu 13:4). Aujourd’hui, beaucoup sont loin du Christ et il important de semer beaucoup. C’est une tâche peut-être plus humble que celle de celui qui moissonne dans le sens où nous ne verrons pas toujours le fruit de nos efforts. Il faut aussi faire confiance à Dieu en nous remettant avec beaucoup de simplicité entre Ses mains. Et garder aussi toujours à l’esprit que Dieu laisse chacun libre de croire en Lui ou de Le rejeter.
  • Se former. Nous avons besoin de l’intelligence de la foi et un manque de formation tend à rendre plus difficile le fait de se lancer pour parler de la foi. En un sens la foi est aussi simple qu’il est simple de boire de l’eau et de savoir qu’elle nous désaltère lorsque nous avons soif. C’est pourquoi chacun peut avoir la foi, de même que chacun peut assouvir sa soif en buvant de l’eau même s’il ne connaît rien à sa composition chimique. C’est ainsi que Jésus a pu dire que le royaume des cieux est pour ceux qui ressemblent aux petits enfants (Matthieu 19:14). Mais cette simplicité qui rend la foi accessible à tous n’enlève rien à la beauté de l’intelligence humaine et à la beauté des approfondissements qu’elle permet dans notre compréhension de la foi. La foi est située au-delà de la seule raison, mais elle ne s’oppose pas à notre soif de réponses intelligibles à nos questions sur Dieu, le sens de la vie, l’existence du mal dans le monde, la vie après la mort, ou encore sur les rapports de la foi avec la raison… Les réponses du christianisme à ces questions sont précieuses pour nous-mêmes et pour notre prochain. Nos contemporains ont parfois de nombreuses questions et il est de notre devoir de nous efforcer de leur apporter une réponse qui soit chrétienne et nourrissante, même si nous savons que notre connaissance n’est que partielle et que ce n’est qu’à la fin des temps que nous verrons Dieu parfaitement, comme Il nous voit aujourd’hui (1 Corinthiens 13:12). Se former peut par ailleurs être nécessaire pour désamorcer certains des nombreux clichés et stéréotypes qui circulent contre le christianisme.
  • S’oublier soi-même. Si nous attendons d’être parfaits, nous n’annoncerons jamais le Christ. Lorsqu’il s’agit de véritable humilité, il est très bon de savoir nous remettre en question et de se soucier de la manière dont nous pourrions mieux évangéliser. Mais il arrive aussi un moment (que nous devons préparer) où il faut se jeter à l’eau même si nous ne sommes pas aussi parfaits que Jésus-Christ. Et pour cause, ce n’est pas nous-mêmes que nous annonçons mais bien Jésus-Christ. Lui seul est parfait. Nous devons être un peu comme l’âne qui portait Jésus quand il est entré dans Jérusalem peu avant sa mort : l’âne aurait été bien stupide s’il avait pensé que la foule était venue pour l’acclamer lui, et non Jésus. Avec les personnes que nous pourrons rencontrer, il est inévitable que nous commettions parfois de petites maladresses et que nous ne connaissions pas toutes les réponses. A nous de nous efforcer de corriger nos imperfections ou d’agir avec prudence, et à ceux que nous rencontrons de nous accorder de l’indulgence, tellement nécessaire dans une société faite de personnes imparfaites.
  • Témoigner mais sans tout centrer sur le témoignage. Un témoignage peut toucher des personnes et être plus accessible et facile à exprimer que certaines réponses aux grandes questions de la foi. Mais le témoignage ne doit pas être le centre de notre annonce car c’est bien Jésus et Sa Bonne Nouvelle qui en est le centre. Cette Bonne Nouvelle correspond à la vérité : elle traverse nos vies mais les dépasse aussi car elle s’adresse universellement à tous. Le témoignage peut être humble bien sûr, mais il peut aussi être parfois bon de le mettre de côté pour qu’il soit parfaitement clair que nous ne souhaitons pas simplement partager de bonnes nouvelles propres à notre vie, mais annoncer une Bonne Nouvelle qui concerne tout le monde en Christ.
  • Semer sans esprit de compétition ou de jalousie. Si nous nous sentons d’abord appelés à semer, alors ce seront peut-être d’autres personnes qui moissonneront, et cela ne doit pas être une cause de frustration ou de jalousie mais au contraire une cause de joie et d’espérance. « Ne dites-vous pas vous-mêmes: Encore quatre mois, et ce sera la moisson? Moi, je vous dis: Levez les yeux, et voyez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. Le moissonneur reçoit son salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. Car ici s’applique l’adage: Autre est le semeur et autre le moissonneur. » (Jean 4:34-38).
  • Accepter d’être jugé. Même si nous ne commettons pas de maladresse particulière, il nous faut être préparés à être désapprouvés par certains. Certains penseront que nous faisons un prosélytisme inacceptable. Nous serons peut-être même jugés par des chrétiens. Cela doit être un encouragement supplémentaire à faire de notre mieux et corriger nos erreurs, mais face à cela il nous faut aussi éviter de céder au découragement et à l’amertume. Nous ne serons jamais parfaits comme Jésus est parfait, mais cela ne signifie pas que nous ne puissions ou ne devions pas évangéliser.
  • Être fort et fidèle en Christ. Il faut être préparé à des rencontres difficiles si jamais cela doit arriver. Heureusement la plupart des rencontres se passent bien, mais il se peut qu’une rencontre soit un jour difficile ou peut-être attristante. Dans ce cas, il ne faut pas vous sentir visé personnellement. C’est le Christ qui est visé (ou au moins l’idée que peuvent en avoir certains). C’est pour Lui que nous pouvons vivre peut-être des moments difficiles. Quoiqu’il arrive, nous savons qu’Il a vaincu la mort et que notre espérance n’est pas vaine. Jésus nous l’a dit clairement : « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage, j’ai vaincu le monde ! » (Jean 16:33). Jésus peut réellement nous apporter la force et le réconfort dont nous avons besoin. Dans tous les cas il ne faut pas se laisser décourager si jamais nous faisons une rencontre difficile. Il vaut par ailleurs bien mieux subir l’injustice que la commettre. On peut penser là à l’apôtre Paul à Athènes. Il est d’abord bien reçu jusqu’à ce qu’il se mette à parler de la résurrection, s’exposant ainsi à des critiques et des moqueries (Actes 17). Mais ce n’est pas le christianisme qu’il aurait annoncé s’il avait évité de parler de la résurrection pour rendre son message plus acceptable. De la même manière, beaucoup de disciples se retirent quand Jésus dit des choses difficiles à recevoir dans Jean 6 comme : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » En revanche, beaucoup de personnes se convertissent en entendant Pierre dans Actes 2. Ainsi que le note Thierry-Dominique Humbrecht dans son livre L’évangélisation impertinente : « Pierre parle de l’écriture, du Christ Dieu et homme qui la récapitule. Il ne ménage pas son public puisqu’il lui rappelle en passant qu’il est meurtrier de ce Christ-là. Le plus incroyable est qu’un tel discours convertit ce jour-là « environ trois mille âmes » ». Nous ne devons pas faire des calculs. Nous devons certes être prudents et essayer de rejoindre les personnes le mieux possible, mais toujours en nous attachant à dire la vérité et en laissant agir Dieu. Sa sagesse n’est pas la sagesse des hommes (1 Corinthiens 2). Le message de l’Évangile a toujours suscité aussi bien l’adhésion que le rejet et il nous faut être préparés à ces deux possibilités.  
  • Être prudent. Bien sûr il faut aussi toujours agir avec prudence et éviter des risques inutiles en nous efforçant de discerner ce qu’il est sage de faire et en confiant nos décisions à Dieu dans la prière. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’appel de Jésus à la prudence dans Matthieu 10:16, justement à un moment où il envoie les disciples annoncer aux « brebis perdues d’Israël » que « le royaume des cieux est proche » : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. » Nous avons tous reçu des capacités et des talents différents. La prudence nous aide aussi à discerner avec justesse ce que nous pouvons faire en fonction de nos talents. C’est aussi responsabilisant car nous sommes appelés à faire fructifier les talents que nous avons reçus (Matthieu 25:14-30).
  • Respecter et désirer la vraie liberté de chacun en Christ. Dieu nous a créés à « son image » (Genèse 1:27). Au-delà de la très grande dignité que cela confie à chaque personne humaine, cela signifie qu’au-delà de toutes les influences qui peuvent s’exercer sur nous, nous sommes parfaitement libres au plus profond de nous-mêmes. Et ainsi libres de croire en Jésus ou de l’ignorer ou le rejeter. Il peut y avoir de mauvais usages de notre liberté, mais cette liberté est bonne. Elle correspond à la manière dont Dieu a voulu nous créer. Dieu pourrait se révéler à nous d’une manière si imposante que nous ne pourrions que croire en Lui et L’aimer ou sinon Le rejeter, mais Il a préféré être discret pendant notre vie sur la Terre, et nous laisser du temps pour décider de l’usage que nous voulons faire de notre liberté. Même si notre liberté nous permet de choisir l’injustice contre la volonté de Dieu, cette liberté est belle car elle est la condition d’un amour véritable. Nous ne pourrions pas réellement aimer Dieu ou notre prochain si nous n’aimions pas librement. Il nous faut alors être bien attentifs à ne pas voir les personnes que nous croisons dans la rue comme des casse-têtes chinois ou des Rubik’s Cube pour lesquels il faudrait trouver une solution en vue de leur conversion. Il faut aider chacun à contourner les obstacles qui peuvent nous éloigner de la foi en Christ, mais aussi appeler chacun à croire en Christ librement ! C’est en effet seulement en Christ que la liberté de l’homme peut pleinement s’épanouir.
  • S’adapter aux personnes. Chaque personne est différente et cela permet une grande variété de conversations. Notamment dans la rue qui, au fond, peut être un lieu de rencontre avec des personnes très diverses. Ainsi la foi est la même pour tous, mais les manières de l’annoncer fidèlement peuvent être très diverses.
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